Relire Marc Bloch de toute urgence

Ce n’est que cette année que j’ai lu L'étrange défaite de Marc Bloch. Je me suis demandé comment j’avais pu passer les quarante premières années de ma vie sans avoir parcouru les pages de ce témoignage qui, à mes yeux, ne perd aucune ride plus de quatre-vingts ans plus tard.

Il n’y a pas de plus brillante analyse des causes de la défaite de la France, survenue en seulement quelques semaines, face à l’Allemagne.

Mais surtout, il est à se demander si nous avons bien retenu la leçon.

Parce qu’à l’heure où les menaces n’ont jamais été si grandes sur notre sol et à quelques centaines de kilomètres de nos frontières, la France et les Français semblent englués dans ce que dénonçait déjà Marc Bloch : le carriérisme et la courtisanerie, le conformisme, les ravages du pacifisme, le désintérêt des élites pour la classe « moyenne », la défaite de la pensée, l’absence de sens du sacrifice.

Quand on n’enseigne plus ce qu’est le courage, quand une société se délite dans l’individualisme et quand on renonce à tout sentiment patriotique, on retrouve un climat favorable à la défaite.

« Je souhaite, en tout cas, que nous ayons encore du sang à verser, même si cela doit être celui d’êtres qui me sont chers. Car il n’est pas de salut sans une part de sacrifice ; ni de liberté nationale qui puisse être pleine, si on n’a travaillé à la conquérir soi-même. », écrivait-il.

La panthéonisation de Marc Bloch est une heureuse nouvelle mais puisse-t-elle être l’occasion d’un nouvel « examen de conscience » de la France.

Pour qu’on n’ait pas à écrire L'inexcusable défaite.