Les leçons d’écriture du Boss, Winston Churchill
En cette commémoration historique du D-Day, comment ne pas revenir sur la carrière de l’un de ses protagonistes, Winston Churchill ?
Eminent stratège et chef de guerre, « le premier des Britanniques » était aussi connu pour sa maîtrise de la langue anglaise et de la rhétorique.
Journaliste, écrivain, historien et même peintre, Winston Churchill n’était donc pas seulement une bête politique. En 1953, il recevait le prix Nobel de littérature, lui qui aurait tant voulu être Nobel de la paix, mais cette distinction couronnait une vie marquée par l’écriture qui lui assura d’ailleurs la majorité de ses revenus.
Quand on pense à Winston Churchill, ce sont bien sûr ses tirades cultissimes qui nous reviennent en mémoire. Celles-ci n’étaient toutefois pas le fruit d’une improvisation. Rien n’était laissé au hasard. Tout était consciencieusement préparé.
Il y a donc chez ce génie des bons mots de très bonnes sources d’inspiration pour ceux qui veulent marquer les esprits grâce à leurs écrits. J’en retiendrai six.
1. Il n’envisageait jamais un texte sans scénario, sans mise en scène. Winston Churchill a, pour ainsi dire, raconté l’Histoire tout en la fabriquant. Il était passé en quelque sorte maître avant l’heure dans l’art du storytelling. Raconter la petite histoire dans la grande Histoire, c’était aussi son secret, quitte parfois à prendre des libertés avec la vérité. Mais c’était, pour lui, le meilleur moyen d’embarquer les foules et l’opinion populaire dans la résistance face à l’Allemagne d’Hitler.
2. Il n’hésitait pas à se mettre en scène, à se forger une figure de héros dans ses écrits. Nous sommes tous les héros d’une histoire, d’une cause, de quelqu’un... Churchill l’avait bien compris. Parfois même, il lui arrivait de romancer un peu ses aventures, de grandir un peu ses faits d’armes. Mais là encore, l’objectif était de permettre au grand public de s’identifier à un récit et d’appartenir finalement à une œuvre qui allait s’avérer collective. Dans le marketing, on nous invite régulièrement à utiliser la structure narrative du « Voyage du Héros ». Churchill l’a en réalité expérimentée avant même qu’elle ne s’impose.
3. Il écrit avec ses convictions. Le journaliste américain Edward R. Murrow disait à ce propos : « Il avait mobilisé la langue et l’avait envoyée au combat. » Il écrivait comme un guerrier en effet.
4. Il mettait du rythme : on pourrait dire qu’il sculptait ses textes en variant les intonations. En relisant, il n’hésitait pas à accentuer l’emphase et à rendre ses écrits plus théâtraux. Il aimait aussi les allitérations, les métaphores. C’est ce qui rendait ainsi ses textes mélodieux.
5. Il se relisait maintes et maintes fois. Dans la nuit, il dictait à ses assistants ses textes. Et le matin, dans son lit, il se relisait, corrigeait, polissait chaque phrase. Il imprimait même ses brouillons ! C’est ce qui faisait que chacun de ses discours répondait d’une métrique incomparable.
6. Il utilisait des mots courts et puissants tout en recherchant souvent des mots anciens car ils étaient gravés dans l’imaginaire collectif de son auditoire.
Merci le Boss pour ces conseils !