Écrire comme Henri IV (épisode 1 de la série “Politique & Littérature”)

Le pacte si singulier des Lettres et du pouvoir politique est-il enterré ?

Le prestige de l’écriture a, depuis des siècles, rehaussé l’action politique. Mais pas n’importe où !

Il n’y a qu’en France que la plume a autant servi le sceptre.

La France, c’est le Royaume puis la République des Lettres.

La France, c’est la nation littéraire par excellence.

La littérature, c’est sa singularité comme la philosophie l’est pour l’Allemagne.

Et la force de notre littérature, c’est d’avoir fait de la politique avec style, de tous temps et sous toutes les latitudes qu’offre notre spectre politique.

Pourtant, c’est aussi dans notre pays que le pouvoir des Lettres semble avoir fui l’action publique, et ce depuis quelques décennies déjà...

Parce qu’il n’y a plus véritablement d’hommes d’Etat dotés d’une capacité à transcender par les mots, à quelques très rares exceptions. Parce que nous avons substitué aux génies politiques de la langue des gestionnaires à la petite semaine, les yeux rivés sur les sondages et leur image, incapables donc de prendre le temps de l'écriture.

De quoi se plonger avec délectation dans l’ouvrage de Bruno de Cessole, Le Sceptre et la Plume, qui propose une galerie de portraits d’hommes d’Etat-écrivains ou d’écrivains devenus hommes d’Etat qui sont, eux, des poètes de l’action.

Et de quoi donner de l'inspiration et des références à ceux pour qui la littérature a encore un sens dans l'action politique.

C’est une série que je vous propose de découvrir avec pour débuter notre premier roi Bourbon, Henri IV.

La citation à retenir :

« Mes compagnons, si vous courez aujourd’hui ma fortune, je cours aussi la vôtre ; je veux vaincre ou mourir avec vous. Dieu est pour nous, voici ses ennemis et les nôtres. Voici votre roi. Gardez vos rangs, je vous prie, si la chaleur du combat vous le fait quitter, pensez aussitôt au ralliement : c’est le grain de la bataille. Vous le ferez entre ces trois arbres que vous voyez là-haut, à main droite. Si vos cornettes vous manquent, ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez toujours au chemin de la victoire et de l’honneur. »

Henri IV, à la bataille d’Ivry en 1590, opposant ses soldats aux troupes de la Ligue commandées par le duc de Mayenne.

Le style d’Henri IV :

Le premier roi Bourbon est connu pour sa faculté à manier les armes et pour son art de la négociation mais il est aussi doté d’une plume qui fit des étincelles.

Ce sont des écrits rédigés “au fil de l’action”, frappés “du sceau de la spontanéité” qui n’expriment “nul souci de pose devant la postérité”.

Un style libre, hardi, primesautier, plein de saillies”. “Un style qui va droit au but comme un trait d’arbalète”, où l’idée semble toujours devancer les mots, grâce à des phrases courtes et denses.

Henri IV se fait maître dans l’art du récit et de la mise en scène. Il est peut-être le premier grand communiquant des dirigeants de notre pays.

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