Apprendre à bien rédiger une tribune

Dans son sens originel, le mot tribune désigne une estrade ou un endroit surélevé sur lesquels une personnalité prend la parole pour s’adresser à une assemblée, autrement dit un tribun comme on l’appelait autrefois.

Mais avec le temps, le mot tribune désigne également un espace dans un journal ou un média en ligne permettant à une personnalité, un responsable politique, un dirigeant d’entreprise, un « expert », de prendre la parole pour exprimer un point de vue ou présenter une opinion et des arguments pour déclencher un débat.

Remarquez qu’à l’heure des réseaux sociaux, ces derniers deviennent des espaces fréquemment utilisés comme tribunes. De simples posts LinkedIn peuvent ainsi très bien faire office de tribune mais, entre nous, rien ne remplace tout de même le pouvoir de la presse. Réussir à glisser son texte dans un journal papier sera toujours une sacrée opportunité pour développer son influence.

Toutefois, il faut au préalable que votre tribune obéisse à un certain nombre de codes qu’il vaut mieux connaître pour, dans un premier temps, être publié, dans un second temps, être crédible et légitime, et dans un troisième temps, engager une réflexion et susciter l’intérêt et la notoriété.


Je vous propose donc de vous livrer ici quelques secrets de fabrication.

  1. Choisir le bon média

    Avant même d’entamer la rédaction de la première ligne de votre tribune, pensez au média susceptible de vous publier et étudiez le, c’est-à-dire faîtes l’effort de comprendre sa ligne éditoriale, ses codes et règles.

    Le mieux étant d’en cibler un en particulier et de se concentrer sur celui-ci. Vous pouvez toutefois préparer plusieurs versions de votre tribune pour deux ou trois autres médias si vous estimez ne pas avoir de succès avec celui que vous avez ciblez prioritairement.

    Pensez également au support, web ou papier. J’aurais tendance à dire que le papier a plus de valeur parce que les textes sont triés de plus près par les rédactions. Il est également de coutume de dire que si internet représente l’audience, le papier représente l’influence.

  2. Suivre l’actualité

    Une tribune sur un sujet donné ne se publie pas n’importe quand. Elle doit rebondir sur un sujet d’actualité, un événement, un salon, une loi en discussion au Parlement, un fait divers...

    D’où l’importance de réagir vite et d’activer ses réseaux presse rapidement pour proposer votre tribune, même si celle-ci n’est pas encore entièrement rédigée. Vaut mieux ne pas laisser passer le coche et se faire griller la politesse par d’autres personnalités habilitées à parler du même sujet que vous.

    D’où la nécessité, quand vous présentez votre sujet à une rédaction, d’avoir bien à l’esprit l’angle et les arguments principaux de la tribune. Préparez donc déjà ces éléments à l’écrit pour être sûr de bien vendre votre texte.

  3. Argumenter

    La tribune est l’occasion pour vous d’asseoir votre crédibilité, votre légitimité à parler de tel ou tel sujet. Mais pour que cela fonctionne, il ne suffit pas d’étaler ses convictions ou points de vue.

    Vous devez sourcer ce que vous affirmez. D’abord, parce que le média qui publiera votre tribune est responsable de son contenu. Il ne prendra donc pas le risque de vous publier s’il a des doutes sur la véracité des propos tenus. Et ensuite, parce que ces sources renforceront la confiance que vous accordera le lectorat du média en question.

    Précisez donc vos sources et donnez des exemples, des cas pratiques, des données ou des chiffres, sans inonder votre texte non plus, mais quelques chiffres parlants seront parfois plus efficaces que de longues phrases.

  4. Adopter un style puissant

    Pour vous démarquer de vos concurrents, vous devez être unique et inédit dans votre prise de parole. Cela nécessite d’opter pour des tournures de phrases puissantes, avec des formules qui font mouche, d’aucuns diront des punchlines.

    Vous devez en effet susciter le débat et provoquer des réactions pour avoir des chances que votre tribune soit partagée, commentée et analysée.

    Le titre doit donc être très accrocheur. Dès le début de votre texte, votre lecteur doit avoir compris votre proposition ou argument phare. Le contexte, l’historique, le décor viennent après. Le contenu doit aussi comporter des relances pour que le rythme reste vif sans risquer de perdre l’attention du lecteur.

    Dans la conclusion, il faut pouvoir lancer un appel ou ouvrir le débat tout en rappelant votre idée principale.

  5. S’adresser à un large public

    Une tribune n’est pas une adresse à quelques initiés ou experts.

    Elle est au contraire l’occasion de convaincre de nouvelles personnes et trouver parmi elles des relais d’opinion.

    Vous devez donc vulgariser au maximum les éléments techniques que vous avez l’habitude de maîtriser et trouver le vocabulaire et les formules qui sont capables d’atteindre une large audience.

    N’oubliez pas, dans ce cadre, de jouer sur la fibre émotionnelle de vos lecteurs. Une tribune n’est pas une litanie d’arguments. Il faut que votre texte sente le vécu, ou qu’on puisse s’identifier à une histoire, à des expériences humaines.

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