Anglicisme, quand tu nous tiens…
Des mots en anglais ou issus de l’anglais dans mes textes, très peu pour moi.
Je considère que nous avons, avec le français, l’une des plus belles langues au monde.
Elle participe largement au rayonnement de notre pays ; elle est un instrument de notre diplomatie ; elle a permis à nos grands auteurs d’être des références littéraires bien au-delà de nos frontières… Il serait donc fou de passer à côté de la richesse de notre vocabulaire.
Utiliser des anglicismes, c’est en quelque sorte causer un affront à notre langue. Je crois que nous avons les moyens de lutter, armés de nos dictionnaires, contre le diktat de l’anglicisme.
Même si cela ne semble pas aisé parfois tant l’anglais et l’américain ont irradié notre façon de nous exprimer depuis des décennies.
Au risque de paraître ringard, voire réac, il faut pourtant continuer à se battre, en prenant le temps d’éliminer systématiquement ces anglicismes, parce qu’il en va aussi de la sauvegarde d'un certain esprit français qui, petit à petit, s’efface de la scène du monde, parfois sans qu’on y prête même attention.
Est-ce qu’il faut pour autant ne plus jamais utiliser du vocabulaire provenant du monde anglo-saxon ?
Il n’y a pas longtemps, un ami m’a dit : « Toi qui tiens tant à lutter contre les anglicismes, pourquoi tu parles de copywriting et de storytelling ? »
Touché !
Mais il me semble qu’il ne faut pas non plus faire preuve de sectarisme et apparaître arc-bouté sur ses positions.
Quand des mots ont un poids beaucoup trop important dans notre imaginaire collectif, il ne sert à rien de vouloir les traduire absolument. Copywriting et storytelling sont ancrés dans notre langage et a fortiori dans des univers comme le marketing (un autre anglicisme) ou la communication. Bien sûr, on peut les traduire en « écriture persuasive » et « l’art de raconter une histoire » mais cela n’aura pas la même portée. L'inverse est vrai aussi avec des mots français que les Anglais ou les Américains ne cherchent pas à traduire parce que cela n’aurait pas de sens.
Mais dès qu’on peut se passer d’anglicismes, alors il n’y a pas à hésiter une seule seconde et faire le choix du français.
Quelques mots par exemple qui inondent nos discussions et dont on pourrait facilement trouver un équivalent français.
- « Booster » : muscler, développer
- « Business » : commerce, activité
- « Checker » : vérifier
- « Best of » : le meilleur de, anthologie
- « Sponsor » : mécène
- « Briefing » : une réunion de cadrage, de préparation
- « Scoop » : une exclusivité
- « Punchline » : une phrase percutante, coup de poing
- …
On en commet tous, moi le premier, mais il me semble que nous devons nous efforcer de les exclure, sans quoi, nous nous rendons en quelque sorte complices de la transformation future de la France en une colonie anglo-saxonne.
Ce que le général de Gaulle avait déjà l’air de prédire dans les années 60.
En juillet 1962, il écrivait en effet un courrier à son ministre des Armées, Pierre Messmer, dans lequel il tenait à faire passer le message suivant :
“Mon cher ministre,
J’ai constaté, notamment dans le domaine militaire, un emploi excessif de la terminologie anglo-saxonne.
Je vous serais obligé de donner des instructions pour que les termes étrangers soient proscrits chaque fois qu’un vocable français peut être employé, c’est-à-dire dans tous les cas (il écrit à la main cette dernière formule).”
Autant dire que la lutte contre les anglicismes ne date pas d’hier…