Mettons du Saint-Exupéry dans nos vies

Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Il est mon auteur favori.

Sa vie est une épopée, des conquêtes de l’Aéropostale à ses missions de guerre.

Son œuvre a forgé une légende, de L’Aviateur à Citadelle.

Sa vie n’est que poésie.

Et pourtant, comme il est incompris !

On résume son œuvre au Petit Prince mais le conte, à y regarder de plus près, puise ses racines dans des écrits bien plus antérieurs.

Le message du Petit Prince est lui-même très souvent détourné. On le compare parfois à une fable écologique un peu niaise alors qu’il comporte tant d’autres enseignements : l’équilibre que nous devons trouver entre responsabilité et liberté ; les dommages causés dans nos sociétés par le consumérisme et le matérialisme ; la grandeur d’âme à laquelle nous devons toujours aspirer…

Certains, d’un trait, le condamnent aussi parce qu’il n’a pas rejoint le Général de Gaulle alors que son patriotisme ne peut souffrir d’aucune critique, lui qui s’est battu avec constance, malgré son âge, malgré ses ennuis de santé, pour reprendre du service et combattre à nouveau.

Relire Saint-Ex aujourd’hui, c’est tout comprendre des maux de notre société actuelle. Il avait tout prédit, notamment dans sa Lettre au Général X : l’avènement de la société des robots et d’un monde sans Dieu, sans religion, ou d’un monde guidé par d’autres idéaux dictant de nouvelles religions.

« Il n’y a qu’un problème, un seul, de par le monde. Rendre aux hommes une signification spirituelle. Des inquiétudes spirituelles. Faire pleuvoir sur eux quelque chose qui ressemble à un chant grégorien. ».

80 ans plus tard, les chants grégoriens ne résonnent toujours pas.

Saint-Ex aurait sans doute été horrifié de constater le matraquage commercial qui s’abat sur son œuvre, Le Petit Prince, avec tant de goodies à l’effigie de son héros aux cheveux d’or, vendus aux quatre coins du globe.

Il aurait sans doute été consterné, en constatant que toutes nos technologies, nos écrans, nos réseaux sociaux, ont fini par couper le lien entre les hommes, lui qui, en participant à l’ouverture de nouvelles lignes de l’Aéropostale, ne poursuivait qu’un seul but : les unir.

Il n’était pourtant pas contre le progrès. Mais les machines devaient selon lui rester un outil, pas un but en soi, comme l’avion l’était pour lui.

Il n’y en a qu’un, pour moi, qui s’inscrit dans les traces de Saint-Exupéry aujourd’hui : c’est Sylvain Tesson. Pour ce dernier comme pour Saint-Ex, la fuite peut être belle lorsqu’elle permet d’atteindre une certaine transcendance.

Courage, fuyons ! Tel pourrait être cette nouvelle devise avec pour but caché de s’échapper du monde pour mieux en connaître ses mystères.

Le 31 juillet 1944, Antoine de Saint-Exupéry s’envolait pour l’éternité. De son étoile, il nous incite à faire renaître une civilisation occidentale ressoudant les peuples grâce au dépassement de soi. Il nous demande de bâtir cette nouvelle Citadelle.

Quoi de plus beau comme projet politique ?

Oui, mettons du Saint-Exupéry dans nos vies !

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