Qu’est-ce qui rend un discours éloquent?
Un début de réponse est à retrouver dans l’ouvrage tout récent et intitulé « Les discours les plus éloquents », joliment illustré et conçu habilement par Soledad Bravi, Candice Zolynski et Romain Boulet.
Les auteurs en ont choisi 20, de Simone Veil à André Malraux, en passant par Robert Badinter, Martin Luther King ou encore Victor Hugo.
Tant d’autres auraient pu y figurer mais celle liste non exhaustive a le mérite de s’attarder sur six façons de décliner un discours (convaincre, séduire, dénoncer, manipuler, accuser ou défendre, remercier et rendre hommage) tout en justifiant, pour chaque texte, son éloquence.
L’un d’entre eux m’avait particulièrement marqué : celui de Dominique de Villepin devant le Conseil de sécurité des Nations unies, il y a plus de 20 ans, le 14 février 2003. Je m’en souviens pourtant comme si c’était hier. J’ai même gardé un CD sur lequel il est enregistré et que j’écoute encore de temps à autre. C’était fort, vibrant, émouvant, parce qu’il y avait non seulement le texte mais aussi le ton. C’est cette conjugaison qui rend, à mon sens, un discours éloquent. Un discours c’est comme une mélodie, il doit pouvoir nous transporter.
« Et c’est un vieux pays, la France, d’un vieux continent comme le mien, l’Europe, qui vous le dit aujourd’hui, qui a connu les guerres, l’Occupation, la barbarie. Un pays qui n’oublie pas et qui sait tout ce qu’il doit aux combattants de la liberté venus d’Amérique et d’ailleurs. Et qui pourtant n’a cessé de se tenir debout face à l’Histoire et devant les hommes… »
Ces quelques lignes ne sont-elles pas entraînantes ?
Cette déclamation, comme toutes celles recensées dans l’ouvrage de Soledad Bravi, démontrent à chaque fois que des mots bien choisis, positionnés au bon endroit et bien structurés, peuvent à eux tous seuls changer la face du monde, tout du moins d’une société.
Ce nouveau livre de compilation de discours est donc, à mes yeux, un guide précieux pour ceux qui ambitionnent de muscler leurs discours et qui, entre la plume et l’épée, préféreront toujours se saisir de leur plume comme d’une arme.